sàraf – IX – 03 – aile de raie

mercredi 6 septembre 2023


(des fois pour le plaisir) – la bouffe


« l’insolite on le trouve chacun par rapport à notre position dans la statistique ; j’avais pas conscience que la raie ça se mange pas partout, tant que je restais dans le cercle familial de mon enfance tardivée… pour moi c’était le petit luxe de temps en temps, assez récurrent pour que je m’en forge une habitude malgré la rareté de ces exceptions qui habitent qmm assez de nombre de mes repas’

.une aile de raie, c’est ce bout de poisson à la chair blanche plutôt raffinée si on la compare à la bouffe de cantine ; wè leurs carrés de j’sais même pas quoi, qu’ils mettent pas de panure autour pour faire genre c’pas de la bouffe de misère alors que ça relèverait qmm un peu le niveau, c’est dire ledit niveau, bin c’est bien bon, en plus d’être…’

.bizarre ? ok la bouffe animale vaut mieux pas se figurer la tronche du truc encore vivant si tu veux conserver ta faim, ce qui d’ailleurs je trouve est un moyen déviant de la gastronomie à nous faire perdre sens des réalités : quand t’achètes ton pavé, même chez le traiteur, c’est sûr t’oublies de plus en plus au fil des générations, que c’t’un truc qui ressemble à autre chose à l’état naturel, mais bref, même si les yeux de veau c’est kawaï, même s’ils peuvent t’ôter l’envie de manger ton steak, bin qmm, y’a un level plusspluss à ce poisson qu’est la raie ; déjà un conventionnel à tête queue et écailles, le pécheur il sait faire la part des choses pour y manger, alors que toi et moi on est plus sereins à juste le voir en mode carré sous film, et un peu comme on pourrait être écœuré de l’estomac-tête comme les non-français qui nous voient bouffer de l’escargot ou de la grenouille en se demandant d’où vient l’idée, tout comme un gamin est pareil écœuré à l’idée d’un boudin, que t’y fais lors de la première étape après abattage d’une victime animale en récupérant le sang qui se vide là du truc pendu presque encore vivant et qui dégouline, bin c’p’tetr pas insensé de se dire que de la raie, ce poisson tout plat qui semble voler dans l’eau mais qui est tout lisse et baveux, suffit juste de rajouter que y’en a des épineuses à poison, et jamais ta curiosité te mènera à y goûter’

.pourtant c’est mégabon’

.la chair blanche donc, ui, assez raffinée qmm par rapport au poisson pané sans panure de la cantine, et comme pour l’escargot ou le boudin, une fois que t’as fait la part psychologique du truc que manger c’est pas des cailloux, bin tu peux y prendre goût’

.le petit bonus ? c’est cartilagineux ! wè, ton aile de nageoire, c’pareil que les bananes que dit la chanson : y’a pas d’os dedans ; c’pas non plus des arêtes que tu vas te trouer le toyo digestube si t’y avales par mégarde, non, c’est du cartilage, ui, pour anthropomorphiser l’idée c’est le même matériau que le truc entre dur et mou de ton oreille ou de ton nez, ahem mais n’anthropologisons pas trop j’suis pas encore cannibale et j’suppose les gens sains n’ont pas envie de cette image en tête pour se motiver à bouffer de la raie ; mais bref, la structure du poiscaille, c’est du cartilage, et quand t’as mangé la couche de chair du dessus et celle du dessous, te reste dans l’assiette… un peu comme un peigne de bambous minis et presque transparents : des tiges articulées, toutes serrées les unes contre les autres, qui peuvent faire penser à ces rideaux tropicaux en perles longilignes pour portes de là-où-fait-chaud ; et pis donc, ce cartilage d’aile, bin ça se bouffe aussi, et c’est… intéressant ; tu vas ptetr pas tout le manger celui de ton aile, parce que c’qmm un peu pas nutritif et chiant à mâcher pis lourd en ventre, mais tant que t’as pas fini la chair, un coup comme ça sur l’une ou l’autre fourchette embouchée, ça te bonus du croustillant pas dangereux ; la texture s’allie bien au fondant de la viande de l’aile, avec le tout doux t’as un truc pas croustillant comme une chips, non, c’pas cassant, au contraire un peu élastique, mais que quand ça croque c’est le truc assez agréable et, surtout qmm, pas dangereux pour l’œsophage ni la glotte ni l’estomac ; tu vas y digérer trql en théorie tant que t’es pas un quelconque pathologique de l’indigestionnage fragile ni que t’en abuses quantitativement’

.et voilà, ce souvenir ‘normal’ pour moi, j’en ai pas bouffé qu’une fois pour dire, de l’aile de raie, et du coup j’peux y conseiller : ça défonce grave comme curiosité culinaire ; bon j’ai pas d’argument pour ceux qui sont pas trop produits de la mer, mais jmef, moi j’aime ça, j’ai rien à vendre, juste mon bon souvenir à partager…’

.miam »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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