sàraf – IX – 05 – viandes variées

mercredi 6 septembre 2023


(à flanc de montagne, ailleurs) – la bouffe


« du mouflon ? j’sais même pas ce que c’est c’t’animal, ni s’il vit dans cette montagne, ni s’il se chasse, ni même c’est grave, si c’est le bon nom pour dire de quel truc était issu le steak haché que j’ai mangé chez ce copain d’un passé qui commence à dater ; son père chasseur fournissait la crédibilité du truc, et en vrai c’t’un double souvenir, car ce goût, cette texture, ce savoir-faire boucher, je le lie de ce repas où j’étais l’invité curieux de ce type de viande autrement discutable sur la morale que la carniphagie industrielle, à un autre vécu un peu flou en structure hospitalière, où de qui l’infirmier ou le boucher, m’avait raconté comment la viande de tradition, à l’inverse du cellophane supermarché sous atmosphère vide, se laissait un peu faisander quelques jours par le culino-spécialiste, histoire de développer ce qui se fait de goûtu… ui là entre ces deux, ces steak hachés j’y avais bien senti cette différence d’avec la viande d’abattoir, avec un caractère relevé qui n’est pas du tout désagréable…’

.j’suis pas trop freiné d’empathie au kawaï comestible ; ainsi curieux de toute nourriture pour omnivore, j’aime bien goûter un peu de tout, et la viande est un secteur spécifique du truc ; faire la part des choses entre nutrition depuis vivant et rapports d’individus de ce vivant, j’ai pas trop de mal… mon frère et moi nous ressemblons sur ce point, il a beau aimer monter les chevaux sur son galop 7, s’en occuper par son diplôme agricole et les choyer affectueusement en tout son savoir faire, ça ne l’a jamais empêché d’en savourer une bonne pièce de boucher ; moi aussi j’adore le cheval, sauf que moi j’suis plutôt à me questionner sur ce qui fait que cette espèce survit encore, vu ce que ça a pas trop de place pour rester sauvage, et donc considérer les équitationneurs comme ptetr les derniers moyens de les garder en vie pour servir le chevaucheur, now que les calèches sont remplacées par les voitures, now que chevaline se fait houspiller par les vegans, now que les cirques ont du mal à vendre l’exotisme sauvage qui était leur argument avant que la nature n’existe plus et que pourtant on dise conserver sa dignité en fermant les dernier exploitants qui certes, les vampirisent plus que ce que y’avait de libre parmi leur espèce à l’époque du farwest…’

.j’aime pas les chiens, orfh non pas à ce point, mais c’est justement parce que j’suis pas fan de l’animal que j’ai pas de ouf la curiosité à y goûter ; pas l’apitoiement kawaï qui me retient, au contraire, l’idée qui me traîne en tête comme quoi c’est une espèce que l’humain a bien su dénaturer dans l’histoire, et que sa viande doit pas forcément être de ouf qualité’

.à l’inverse le chat, que je sais me plaire en tant qu’individu, j’y goûterait bien par amour, mais j’sais pas, j’ai une intuition qui me dit que ça doit pas être méga bon ; un truc bien tendu de muscles, certes, mais j’pense ça doit être âpre, du coup je me fais bien à l’usage cliché de le préférer en câlin de peau qu’en câlin de papille ; j’me dis ça ressemble ptetr à du lapin, j’sais pas pourquoi, et vu que j’aime pas le lapin, je m’auto-alimente le préjugé, et tant que j’ai pas goûté, je reste sur l’idée préconçue sans la remettre en question en pratique’

.le pigeon, une fois à ce repas chez grand-parents ; j’ai trouvé ça trop bon, et puis c’est cool le fait que pour un repas normal, t’en as un entier à toi tout seul, et tu le manges complet, des ailes aux pattes en passant par les filets et tout le reste d’un tout, wè ; c’pas comme le poulet où t’es qmm souvent obligé de choisir une préférence de morceau, non, le pigeon de pas ville, te rapproche plus du rapport au vivant dans sa forme complète… certes il sort du four tout plumé, mais tu vois encore de quoi te rappeler que c’pas juste de quoi faire de la gastronomie, et là le respect envers le vivant nutritif, tu peux y réfléchir avec plus de profondeur que tout steak animal ou même morceau de végétal transformé ; les mangeurs de pâtes n’y savent pas j’ai l’impression, ils oublient de remercier l’épi de blé, alors que là le pigeon en forme de pigeon, tu peux mieux lui adresser un merci en prière, parce que tu vois mieux la forme vivante de d’où ça provient…’

.cette empathie envers la viande, la plus accessible tant que je reste non-anthropophage, car tout ce que je mange a vécu, et je lui suis reconnaissant de me garantir ma propre vie ; à tous ces cadavres à varier, ui, merci’

.et miam »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

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