sàraf – IX – 06 – du jardin

mercredi 6 septembre 2023


(à la maison) – la bouffe


« j’ai vu récemment sur insta deux trois bouts de causette d’influenceurs qui savent se repérer dans la végétation sauvage française pour y trouver nutrition, mais c’est bien plus tôt dans mon passé que la réflexion m’est arrivée, et notamment en un ailleurs contextuel, ce stage de kung-fu dans les montagnes de l’isère, où le vieux moine qui accompagnait les deux guerriers qui nous entraînaient et ce pendant, se baladait entre nous en ramassant des trucs là dans le terrain, pour sa salade… et encore plus tôt dans le jardin de mon enfance, ma mère pratiquait ce truc de pas se référer uniquement aux étiquettes du marché pour savoir ce qui pousse et se mange’

.elle faisait du sirop avec les fleurs de pissenlit, c’était méga-bon ce truc qui se crame au chalumeau lorsque ça dépasse entre deux pavés d’une cour résidentielle lambda ; un peu moins la feuille, quoique, en salade ça a beau être plus amer qu’une mâche que ma mère appelait la doucette, bin c’qmm pas négligeablement infect si on y met une ‘tite sauce… mais ça reste pour moi le classique que pas personne n’y sait ; mais y’a des trucs…’

.le fuchsia, t’y trouves chez le fleuriste ; et pas sûr que l’agent de vente en ornement végétal sache lui-même que ses fruits sont succulents ; une espèce de baie en forme de grain de riz et que c’est vraiment trop bon ; ptetr encore meilleur quand tu te sens privilégié tousseul à savoir que ça se bouffe et que tu vois dans des pots de fleurs sur des balcons, le truc que l’arrosoir est tout content d’y voir en tant que simple sujet décoratif’

.mais mon ouverture sur le domaine s’arrête là ; cet instagrameur ou cet autre, tu les lâches dans la nature française, jamais ils meurent de faim, et leur alimentation végétarienne est ultra-variée ; moi ce qui me déprime, c’est que la masse a déjà oublié ce qui s’est transmis d’humanité intergénérationnelle depuis bien long et jusqu’à ce ajd où ui, plus personne n’y sait, sauf ce zinfluenceur dont la plupart des followers va juste comme moi, se répéter qu’il est bien averti, que c’est dommage que ça se perde, mais que jamais je vais creuser plus loin le truc parce que de toutes façons, dans vingt ans la moitié de ce qu’il bouffe sera encore pluss en voie d’extinction à cause ptetr un peu des extinctions de voix de ceux qui y savent…’

.j’saurais pas reconnaître une rhubarbe d’une quelconque autre grosse feuille si c’est pas dans un jardin cultivé où je me doute que c’est comestible ; telle prune ou prunelle, telle baie toxique ou non, telle feuille mangeable ou l’autre qui lui ressemble mais que faut pas toucher, j’me formerais bien si j’avais pas autant de difficulté à trouver du pertinent sur ig, et à pouvoir le mettre en pratique perso, j’me formerais bien ui, si j’avais pas autant de difficulté à financer un enseignement depuis quelconque professionnel qui a besoin de gagner son autre croûte, ui tout s’achète ajd, la bouffe à la limite ça fait des siècles que c’comme ça, mais now c’est carrément la science du truc, savoir quoi se mange, ça se paye aussi, t’y vois sur l’étiquette du produit transformé ou sélectionné que te vend la pub du marché, recopiée depuis les tests de ces nouveaux agriculteurs qui n’ont que le permis tracteur et labo végétal, et non la savante machinerie qui fait qu’une tomate naturelle, une pomme naturelle, une banane naturelle, c’est pas du tout le même truc que ce qui se vend sous ce nom, après tant de bouturages et autres aliénations de culture…’

.j’ai peur des jardins autant que des abattoirs, parce que y’a rien de plus modifié que ces monstres de la nutrition ; loin l’époque où comme ce vieux moine ou cet influenceur, on pouvait manger ‘sur place’ avec un sens littéral différent de ce qu’on pense avec la locution gastrono-snob ; mais pire : si le savoir sur ces éléments de bouffe encore naturels, était infesté par la civilisation humaine, alors cette nature finirait comme pour le reste, c-à-d en champs de cultivation, aliénation progressive par sélections, croisements, et autres tortures que y’a que les bonzaïs qu’on peut plaindre davantage, car eux on ne les mange même pas…’

.barjavel annonce la mange-machine dans son roman ‘la nuit des temps’, matrix nous voit bouffer de la bouillie aux éléments essentiels, c’toute cette histoire cheloue d’un humain qui a peur d’avoir faim, et ça remonte à loin cette coercition progressive du vivant afin de pas souffrir de famine… même ça ça sent le bullshit, vu comment le terme est humanitairement plus parlant à nos ajd qu’au moment des chasseurs-cueilleurs qui sont déjà du passé loin de notre civilité avancée sur le jardinage’

.erf miam ; ou pas ; ces idées, ça me donne plus très faim… »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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