sàraf – IX – 08 – moi aussi, comestible

mercredi 6 septembre 2023


(par équivalence) – la bouffe


« avant de retourner à la poussière comme il est parfois coutume d’y penser, je ne souhaite pas plus incinération ou enterrement… ptetr une légère préférence pour servir la science si qqun veut bien me disséquer ; mais j’crois je me sentirais plus sur un chemin qui me correspond, si à l’instar de tous ces êtres qui m’ont nourri, mon cadavre était mangé’

.ce qui n’arrivera pas si on me dissèque entre deux bains de formol ; ce qui n’arrivera pas si de cendre je spécialise ma poussière ; ce qui n’arrivera que de manière miséreuse si des vers percent mon cercueil… mangé oui, mais par qui ? l’humain a anéanti ses prédateurs, et pourtant il craint encore les légendes de loups, d’ours, sans vraiment piger que même la vieille mangée par ses chats est selon moi moins déplacée du cycle de la vie que le reste des humains qui au mieux deviennent larves de mouche… tu es ce qui te mange, en miroir de l’expression ; j’aurais aimé pouvoir avoir l’honneur de me faire manger par un charognard, c’est confortable car ta mort n’est que l’effet en cause et non une fin à la faim, mais si c’est moins douloureux, c’est du coup moins respectable que mourir en tant que viande non avariée ; mais y’a que dans jurassic park que tu fais office de viande de choix ; ou alors dans les romans de thomas harris…’

.c’est à la fois respectable et humble je trouve, de servir le cycle de la chaîne alimentaire ; honorifique de sustenter un être vivant, humble à se savoir ainsi fait de toute relativité à ce que l’humain est je trouve trop prout-prout à vouloir se soustraire de ce truc… mon âme se sentirait bien mieux à sa place dans le resto de la vie que de ce qui se fait d’aveugle à vouloir, toutes religions et athéismes confondus, rendre le corps de la mort immortel, intouchable ; dans une urne, un cercueil ou sur une table pour étudiant en médecine, y’a tellement un sale ego je trouve ; quoi ? tu te sens au dessus de quoi pour vouloir ainsi t’extraire de la nature ? tu crois ptetr que ton paradis, ton enfer ou ton retour au néant sont normalement justes à fossiliser ainsi ta dépouille, à l’ôter de ce qui je trouve te dépasse totalement en tant que corps et âme… oui le respect des morts, je partage, mais justement je le retrouve pas du tout là où la norme semble le trouver ; tu préfères t’imaginer le morbide d’un cimetière, le glauque d’un scalpel, plutôt que t’imaginer finir en tant que festin d’un vélociraptor ? je pige pas…’

.que ma mort ne soit que le ponctuel et savoureux repas d’un être vivant, me rend à l’humilité que cette vision universelle me sait si infiniment insignifiant en tant qu’individu, uinon, que je brille ou pas après ma vie, auprès de l’éternel si tant soit que quelque chose de moi subsiste après mon décès, j’y veux pas à l’image d’un truc gravé dans le marbre pour faire croire à mes survivants que y’a là les restes d’un truc qui a rejoint le passé, une sale gloire que même les vivants ne savent plus vraiment penser en d’autres termes que le tarif d’une concession, une quelconque messe triste, un deuil à demi-larmé à demi-oublié… nourriture de l’âme ? j’crois y’a que les vieux de par chez moi qui se rendent compte un peu tard qu’on les oubliera, tant qu’on célèbre la vie en opposition à ces maussades visions du macabre, et qu’ils sont bien seuls face à cette fin que les jeunes aiment à souffrir sans pour autant aider ceux qui approchent du truc ; oui j’ai peur de la mort, plus que ça même, et puis je pleure aussi les disparus, mais voilà, je veux cette fatalité d’une autre optique que celle que je discerne dans les rubriques nécrologiques qui banalisent l’inbanalisable ; alors faudra que je me trouve de quoi me manger, si je veux mourir dans ma dignité perso ; ptetr pour ça que j’ai beau avoir des pensées suicidaires, j’ai pas encore réussi ce presque seul projet ‘de vie’ de ma vie…’

.ceci dit j’ai ptetr ici trouvé mon épitaphe :’

.bon ap' »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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