sàraf – IX – 01 – les épinards

mercredi 6 septembre 2023


(grandir) – la bouffe


« c’est qmm drôle… mon anticonformisme a rallié ma paranoïa de bien des manières et tant de sujets existentiels, sur ce que je questionnais ou ressentais depuis les standards, et ce depuis même tout gamin ; d’où est-ce donc que c’est si mal vu, les épinards ? j’adorais ça moi !’

.une piste ? le fait que parmi les bouffes de cantines scolaires qui admettons-le sont ou du moins étaient, assez débectables, ce truc pouvait pas être pire que en vrai de chez papamaman… jsp ; ceux de la cantine j’les aimais bien, ceux de la maison aussi, ça a ce petit goût pas pire amer, assez doux avec sa crème, pis bin, voilà, il paraît mais j’y ai jamais su y croire vraiment, que les gamins n’aiment pas ça ; comment !? que pourquoi ? leur vieille polenta, leurs tomates plastiques farcies au gras de vidange, mêmes les trucs de j’ai même pas retenu le nom tellement c’était dégueu à la cantine, bin… limite les épinards, c’était le seul truc que je pouvais avaler dans leur ‘gastronomie française’ pour écoliers ; de quoi entretenir du complotisme certes fumeusement schizo, mais qmm ! ils te filent des steaks hachés en cuir d’écureuil, des petits pois qui n’ont rien à voir avec ceux que j’ôtais des haricots chez les grands-parents, des pâtes trop cuites avec trois demis lardons tous mous, des haricots sans aucune tenue… les frites rattrapent le truc, même pas une fois par semaine ; pis ouais, sinon, les épinards pas pire alors que personne n’aime ça ; bon, bien sûr ils l’accompagnent avec une louche de béchamel miséreuse dans laquelle t’as une petite chance d’avoir un semblant d’œuf dur qui… ‘fin bref’

.la cantine…’

.j’sais pas si le niveau industriel de la qualité du truc a évolué depuis ma jeunesse ; quelque part, j’espère, pis ça pourrait être un mouvement démocratique important à faire progresser, quand je vois de loin le succès des émissions culinaires à la télé de masse, pis surtout avec ce que pour les adultes du territoire on peut vite devenir prout-prout du secteur ; mais j’vais pas aller interviewer les gamins actuels pour y savoir, alors je reste dans mon souvenir’

.ouais à part les épinards, au lycée je bouffais le pain, avec saupoudré dessus le sucre en sachets pour les yaourts, la plupart du temps où je refilais même le yaourt ; pain sucre, oui, en vrai on n’y soupçonnerait pas en contexte même à peine sophistiqué, mais c’est vraiment pas mauvais pour moi, même si ça parait comme un truc de pauvre, et ui, bon, par rapport au reste de ces trucs de cantines qu’ils te vendent comme étant de la nourriture ; mais c’est sûr qu’au quatre heure quand avec le pain t’as une barre de chocolat, le choix est vite fait et jamais tu te dis oui, que pain sucre, c’est sympa’

.et ouais… parano… j’étais difficile comme on disait de moi ; j’aimais pas grand chose, j’ai bien changé depuis je crois, mais comment tu veux grandir serein quand t’aimes rien sauf les épinards ? socialement j’suis le négatif photo, à cette époque, alors je me demande vraiment ce que l’esthétique, en l’occurrence gustative, peut bien signifier de manière générale ; leurs patates vapeur sont gerbos’, bon ça c’est grâce à mamy qui cuisine celles du jardin de papy comme une cheffe, normal qu’à la cantine le niveau je le trouve naze, et pourtant parano encore, les collègues ils ont bien une grand-mère aussi, souvent cordon bleu aussi, et pourtant ils les bouffent, ces boules jaunes toutes bien rondes sans défaut calibrées au millimètre mais à la texture et au goût comme filtrées dans de la chaussette passoire…’

.les épinards, c’est trop bon ! par contre vaut mieux pas avoir trop faim, vu comment ça remplit pas vraiment le creux »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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