sàraf – VIII – 06 – les détails d’un après

vendredi 1 septembre 2023


(après) – poisy


« les souvenirs, à mes actuels trente-deux ans, je ne les distingue pas encore entre ceux d’une enfance à peu près révolue, et ceux de ce que je ne peux nommer qu’en le terme ‘après’… pour poisy village, pourtant je commence à saisir ce en quoi le temps passe, ce en quoi les époques voient changer les lieux’

.c’est l’exemple du skate-parc à côté du stade de foot ; c’est l’exemple du chemin entre le mille club et la couloutte ; c’est l’exemple du collège qui a fait son apparition tardive et que je ne connais pas ; c’est aussi l’exemple du chemin aménagé au milieu du marais’

.il m’était possible de distinguer l’autour temporel de mon vécu aux balmettes, car l’âge avait opéré ses changements sur mes mœurs, oui, entre la chasse aux sauterelles et les oinjs, une substantielle différence marquait ces souvenirs ; mais aujourd’hui que je suis parti, lorsque les dernières fois où j’y suis retourné, ce n’était pas seulement le fait que je n’y vive plus qui me marquait, mais bien, par cette distance, les choses qui posaient un nouveau calque non pas sur mes us à habiter le lieu, mais bien sur le lieu lui-même ; ne m’appartiennent pas vraiment ces nouveaux graffitis sur ces nouvelles rampes à loisir de roue, ni ces promenades sur le ponton de bois traversant la zone marécageuse entre deux des trois directions d’accès au village, ni celles sur le réaménagement flou d’entre deux rond-points, ou l’approche de ce bâtiment scolaire que je n’ai pas fréquenté, accueillant les nouveaux habitants collégiens à poisy…’

.je ne peux plus m’approprier ce nouveau poisy, cette mue progressive d’un chez-moi qui ne l’est plus ; tout comme à mon arrivée à mes trois ans lors du déménagement de mes parents, les deux mille habitants de l’époque ne sont plus du même ordre que les plus de dix mille actuels, et à l’inverse également, des quatre-vingt qui le peuplaient quelques décennies historiques d’avant ma propre ère vivante ; les photos sépia de l’époque ne sont pas du même ordre que les diapositives de mon enfance, tout comme l’ajd des réseaux et du numérique doivent probablement y marquer d’une autre forme d’existence ; veut-ce signifier que tout a changé ? subtilement, progressivement, d’une mesure intouchable pour la conscience du petit enfant que j’étais, ce gamin qui a grandi jusqu’à ce maintenant où le temps court d’une manière qui m’est plus perceptible qu’à l’époque’

.un jour ce sera le mille-club qui disparaîtra après m’avoir vu tout gosse à l’intérieur aux cours de gymnastique, puis plus tard sur cet espèce de plate-forme architecturalement inutile qui pourtant nous abritait avec nos oinjs là cachés entre un bout de toit, un massif d’arbustes, et des tags à l’indélébile ; les jeux, balançoires et autres cabanes en parc, seront un jour reconstruits ; peut-être restera cette petite maison d’édition qui a participé à mes rêves d’écrit, là sous les arcades en face de l’église, mais jusqu’à quand ? le petit casino, le bureau de tabac presse, la boulangerie, les coiffeurs, les bars, changeront sûrement de propriétaires à un moment donné, d’enseignes à un autre… c’est le roulement d’une société que mon regard un peu éloigné laisse à son évolution ; déjà cette pharmacie, ou cet autre commerce, ces résidents du centre, se sont réarrangés, succédés, comme on remplace les pièces d’un quelconque ouvrage matériel lorsque celles-ci sont à changer ; et ainsi sans perdre son unité, le village sera à terme, tout autre que ce qu’il fut ; sans pour autant s’être totalement échangé, sans à peine, que cela se remarque de trop ; des petites touches que j’envisage à l’impact finalement visible, si je m’imagine à l’heure future de ma mort, oui, là si je tiens suffisamment, tout sera bien différent’

.alors je voudrais une phrase pseudosophique de conclusion à ma présente mentalisation, mais… je crois qu’elle ne serait que trop convenue pour parler du temps qui passe ; oui à notre époque c’est évident : demain n’est pas plus hier qu’il sera aujourd’hui »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

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