sàraf – VIII – 05 – les toits

vendredi 1 septembre 2023


(atemporel) – atopique


« les toits sont souvent part d’un imaginaire à explorer ; je ne sais trop qui y pense sérieusement, je crois que j’en tire un vécu plus substantiel par la rareté de mon contexte d’enfance : poisy n’est pas une ville à immeubles, c’est un village qui n’a pourtant pas non plus que quelques bâtiments aux dessus inaccessibles ; et alors en parallèle avant après de ce que je me suis enivré à récurer le toit de la maison de mes parents, il y avait ce truc qui ne se retrouve sûrement pas partout ; ne serait-ce qu’à annecy, et je suppose dans toutes les villes, l’accès aux toits est toujours compliqué… à poisy, si, il y avait des opportunités’

.avec christophe le voisin d’enfance, nous avons commencé dès la construction des immeubles de l’autre côté du lotissement ; plus tard dans les papeteries de cran, c’était un peu cette aventure en bâtiments ; à grenoble avec charles et thibault, nous avons grimpé aussi ce truc en construction juste à côté des chambres de notre foyer ; et puis à poisy, l’école nous y avons aussi découvert le dessus, à l’âge des joints’

.il suffisait depuis le préau du forum, de passer au-dessus de l’accès à peine fermé, le long du mur de l’école, et de monter l’escalier de plein air, d’une seconde fois franchir une barrière ; nous voilà sur une plateforme de gravier… je me souviens que de là on pouvait inaperçus surplomber le chemin d’accès qui liait la route au centre, à la mairie la boulangerie, jusqu’au forum ; personne ne levait la tête de ce petit couloir menant au forum, car personne ne lève trop les yeux lorsqu’il marche près de chez lui ; les seuls à le faire sont souvent des touristes un peu rêveurs, sinon nul oui, ne regarde vers ce qui gratte le ciel ; personnellement je crois que ces vécus de toits m’ont un peu forgé cet amour du torticolis potentiel, car je sais que sont souvent inaperçus les trucs au-dessus de l’horizon, inaperçus car insoupçonnés, inaperçus car peu cherchés du regard ; maintenant en ville urbaine, je croise parfois le regard de gens de balcon, perchés là-haut où je lève le menton… et lorsqu’à l’opposé, je suis juché sur un quelconque étage duquel je vois le bas, je vois ce bas depuis lequel trop peu de regard s’évadent’

.pas dissidente tjrs, cette pratique non plus bien que répréhensible ; alors pour pas emmerder les pompiers ou ambulances, la police, nous ne nous sommes que peu risqués sur l’autre partie du toit de l’école, celle-ci non horizontale et tuilée, étant à risque qu’il vaut mieux ne pas courir avec un joint dans la bouche… pour essayer quelques fois, pour voir, découvrir, et se dire qu’on l’a fait ; mais pas plus…’

.tous les toits non, ne sont pas accessibles ; j’aurais aimé parcourir celui de la mairie, celui de l’église’

.je ne sais jusqu’où le mouvement que je tente de décrire là est partagé ; à grenoble thibault et charles, m’ont-ils suivi sur proposition ? étaient-ils adeptes comme je l’étais ? il était modeste ce toit en fin de construction, peu dangereux, et au final je ne saurais dire entre quels extrêmes à l’exclusivité ce genre de vécu est pratiqué, moi, l’associable dont la norme est aveugle par rapport au reste ; je ne suis pas seul c’est sûr, à avoir aimé grimper ces lieux structurels qui pourtant, c’est sûr ne sont pas visités par tout le monde’

.d’autres mais pas tant, ont disparus de ma mémoire à la purge dictatoriale ; et je rêve des fictions urbanistes où le concept serait plus accessible : des bâtiments-collines, des villes-montagnes, des canyons troglodytes, des architectures où le toit n’est pas qu’un plafond mais aussi un terrain accessible… de quoi me faire tjrs, déprimer luxueusement, de la misère que je vois en ville à me dire que tout ce qui est fait de murs n’est pas ouvert sur le ciel’

.où était situé ce souvenir inopiné de maintenant là ? j’avais visité une fabrication de l’architecte lecorbusier, un voyage scolaire ? où ? il me semble me souvenir que c’était l’un des rares trucs à s’inspirer un peu de ce rêve qui m’habite, certes d’une époque que j’associe négativement à du béton austère et pensé encore trop dans un esprit d’optimisation de la misère pour démographie importante, mais ce massif édifice, me souviens-je floutement, organisé selon cette politique qui lui fit son succès passé de tout rassembler le fonctionnel, avait vu ma visite comme découverte du toit servant de cour d’école primaire, chose qui m’avait plu ; cela a bien du nourrir mes rêves et conceptions idéalistes, bien que mon imaginaire y ait rêvé des trucs bien plus fantasmagoriques que toute réalité…’

.même les toits des cabanes-jeu dans les parcs pour enfants, je n’en vois que rarement pensés pour être autre chose qu’un truc sur lequel on ne va pas ; de quoi oublier le ciel, selon ma tristitude privilégiée… »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

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