sàraf – VIII – 04 – comme ce couloir-escalier

vendredi 1 septembre 2023


(primaire) – poisy


« je l’ai grimpé et il m’impressionnait ; ce n’est pas de l’ordre du souvenir que de lui assigner aujourd’hui un sens imagé par le spirituel ; comme une association, bien après coup ; le couloir-escalier mystique’

.sous le préau vitré du forum, il y avait la double porte également vitrée pour entrer dans la bibliothèque municipale ; et à sa gauche, la porte métallique qui semblait hermétique, comme celle d’une chambre forte ; il fallait un code ? une clé ? un interphone ? un badge ? rien de tout ça je crois, et pourtant il me semble qu’elle n’était pas ouverte à quiconque enclenchait la poignée ; mon souvenir encore une fois défaillant, duquel je ne veux pas broder d’imaginaire alors que j’y suis forcé ; est-ce pour tout le monde ainsi il parait, d’après mes cours de psycho au ‘portail’ interdisciplinaire à l’u de besac… mais personne n’irait l’accepter, si sans ces affirmations ‘douteuses’ des sciences humaines : un souvenir se reconstruit, et l’on en réinvente des bouts à chaque nouvelle occurrence… et moi d’autant plus touché de cet effet, que celui-ci s’auto-accomplit bien plus intensément que je sais qu’il est effectivement effectif ; le peu d’éléments que je touche de souvenir, en général, par crainte du truc j’y glisse d’autant plus à le déformer, ce qui me freine encore plus à tenter l’expérience, à pratiquer ce souvenir en dépit de la méfiance lucide, à me rappeler des trucs encore et encore ; ici je me renie totalement oui, ce texte n’est pas du tout dans mes cordes, je ne me sens que trop en danger à tenter le récit de ce qui me vient à l’esprit depuis le passé ; mais bon il faut, alors je relativise, et puisque je ne vais pas en mourir, de ces fautes au réalisme, autant me contraindre à me dépasser moi-même par le récit du passé, dans tout mon sentiment presque nauséeux à ce faire…’

.comme si je grimpais les marches de la mort de mon âme ; grimper au paradis ? je ne crois pas, mais il serait maladroit auprès du lecteur que de dire que je montai en enfer par le couloir-escalier ; l’image me parait pourtant transparente ainsi même si paradoxale… j’ai toujours vécu l’obligation parentale au para-scolaire comme en dehors de mon plaisir, et donc, je ressens plutôt un caractère désagréable à toute cette histoire à l’école de musique ; j’y allais contraint’

.derrière la porte de gauche du forum, il y avait cet élément architectural double : ce couloir-escalier ; il était donc étrange, tout-du-moins pour moi qui d’autant plus emphase là le souvenir par ces mots ainsi tournés, de franchir cette entrée un peu singulière pour accéder aux salles de l’école de musique… aucune fenêtre, aucun espace d’accueil en entrant, juste, derrière la porte métallique, ce couloir-escalier montant ; il me semble vertigineux à me le rappeler, mais tout ceci se pense en tant que bout presque inconcevable en urbanisme commun : une porte d’entrée qui donne sur cette modulation, c’était pas contre-rassurant parce que rien n’ira jamais confirmer l’oppression ressentie à la promiscuité du truc en cette extension du pouvoir de la mairie, mais tout autre lieu privé ainsi construit serait sûrement mieux comparable à cette interprétation parano de mon souvenir ; une fois le ressort ayant ramené derrière soi et fermé la porte, un unique chemin : tout droit, il faut monter, monter bien plus haut qu’un étage résidentiel… ici on est au forum de poisy, l’accès se fait depuis le préau qui n’est pas au rez-de-chaussée, et oui, il faut grimper ces marches ; d’en bas on ne voit rien, rien que le couloir, l’escalier, et un bout du plafond en haut de ce dernier étage, au bout du chemin unique des marches’

.en haut, tout est plus confortable, les murs blancs aux traits creux pour l’insonorisation, sont éclairés sans que l’absence de fenêtres ne soit glauque, il y a enfin un petit espace d’accueil dont vraiment je n’ai que trop peu de souvenir, et puis le couloir continue à plat pour donner sur les différentes salles de musique ; je ne les connais pas toutes, juste me souviens-je d’une petite où j’ai testé une batterie, une autre plus vaste où je n’aimais pas trop les cours de solfège en groupe, et très vaguement l’une ou l’autre où j’ai pratiqué le piano durant quatre ans période école primaire…’

.du côté gauche du couloir, les vitres des salles donnaient sur la place du forum, au-dessus de la bibliothèque, au-dessus de la salle de spectacle, là, juste à côté de l’entrée de l’école, là oui, où le jeu de l’oie en mosaïque de sol était… était ? je ne suis même plus sûr du quand de son avant de son après, mais il me semble… je ne sais ; quand l’ont-ils posé ce jeu décoré ? l’éternel frein facile pour oublier m’est tel habituel : ne pas marquer le temps, ne pas savoir ni date ni moment, aucun contexte qui situerait mon calendrier ; alors tout est mélangé, et rien ne reste bien ancré dans l’esprit ; hélas pour ce gamin de cinq ans qui voyage dans le temps par le biais du non-temps, entre des lui futurs, restent tout-de-même certaines ancres inévitables ; je sais que ce couloir-escalier, c’était en primaire, car c’est ainsi resté, j’étais sur poisy ce temps, et le collège viendrait tout contredire si je ne le savais pas vécu en l’ailleurs de la section cresaa sport qui m’a délocalisé ; le saxophone à la mjc de meythet, c’était une autre période ; mais là…’

.il fallait grimper les marches, comme d’une métaphore spirituelle que je ne veux pas rendre trop religieuse’

.et puis, maintenant que ceci est marqué en lettres… coffre et clé au fond de l’océan ; surtout ainsi salis par la relativité de la formulation-souvenir ; usage unique du temps dans le non-temps ; toute une méta que je n’explique pas mais qui m’habite »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

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