sàraf – VIII – 03 – grafs au pochoir, douze ?

vendredi 1 septembre 2023


(graffiti) – poisy


« ma capacité à la mémoire est sûrement à valider sur mon dossier psy par la mention ‘handicap’, mais j’suis dans le déni pour en parler, même avec eux soignants, médecins, accompagnateurs ; tout ce que je sais en fin, c’est qu’à ces cinq ans si décisifs autour du cp, des mots, de la pensée dans ma vie, c’est bien que je me suis interdit ce process mental ; incapable de supporter l’idée que je sois seul, gamin, là éternel à tout jamais, à me dire que je suis certain de pouvoir effectuer ce qui doit mais qui n’existe pas à cet âge : une méthode de réflexion, des repères mentaux à l’esprit… descartes et son discours si célèbre dans le milieu, me viendra tant d’années après que toute ma vie je me serai grandi en solo, autodidacte de la philo puisque personne ne me soufflera avant la fac, que tout ceci existe ; rien de rassurant pour autant ces années après quand je percute la vérité, car alors bien pire que l’inexistence d’un consensus humain sur la question comme je l’imaginais jusqu’à lors, ce cercle fermé est, cestes, mais en réalité si petitement, si cloisonné, enfermé, cerné de la plupart des gens qui sont dans le déni, à leur espoir horrible qu’ils nomment liberté de pensée et qui est pour moi tout son contraire…’

.de fait donc, cette décision de tout garder imprimé dans mon moi inconscient, mais de fermer à double tour tout accès à ce type de mentalisation du passé, de jeter la clé au fond de l’océan de mon esprit, là le plus profond possible, la clé et le coffre avec ; de cinq à vingt-cinq ans ; je veux ne rien garder surtout durant ce temps, et donc de fait, tout un tas de complications interviennent à ce bout de texte que je tente ici contre toutes mes attentes ; complexités étrangement déstabilisantes, notamment le doute, l’incertitude, le flou, la déformation…’

.je ne me souviens pas, mais je crois qu’ils étaient douze’

.ces trucs qui une fois advenus, ne pouvaient être réfutés ; qui sortaient de l’hypothèse ; qui sortaient du contingent ; je ne suis pas sûr qu’ils furent réalisés tout juste au début du cataclysme psychotique, là, à vingt-et-un ans, lorsque tout s’effondrait, surtout moi ; mais quand sinon ? ma mémoire me dit que je m’en fous’

.retourné depuis grenoble, en catastrophe existentielle après avoir tenté un pseudo-envol, je retrouvais poisy après un an au foyer, un an devant l’ordi à taper du code web en me demandant comment j’avais pu arriver là depuis une mise à niveau en arts appliqués ; je me suis raccroché à un truc accessoire, en attendant, pour faire quelque chose, pour me retrouver un terrain créatif en graphisme : j’ai découpé dans des feuilles a3, ce qui ne se fait pas avec une autorisation : des pochoirs à aller peinturlurer des endroits de poisy’

.pas sûr qu’ils furent douze, je me fie à ce nombre car il apparaît dans ma tête ainsi… une grosse dizaine d’années après, j’ai été ce truc, mais je ne le possède pas : destitué par ce défaut de mémoire, de toute certitude, de toute projection, me reste pourtant une marque, une marque presque imprévue, si tout avait été aussi péremptoire que ma décision infantile à tout oublier, ne resteraient plus aucune miette, et là du coup, c’est en moi et mes décisions que je retourne le couteau de la paranoïa ; confiance ? en quoi ? rien…’

.le même personnage mi-fictif mi-miroir, découpé donc dans ces papiers à usage unique : un pour chaque lieu qu’il m’a plu de mettre en image et asperger à la bombe noire ; je ne me rappelle pas les douze, je sais aussi que certains ont disparus depuis, recouverts ou abattus, mais à ce moment là, une nuit ou ptetr plusieurs, j’ai crapahuté dans le village de mon enfance pour poser de l’image illégale, mais pas dissidente’

.un type qui urine sur le mur d’un chiotte public ; un serveur sur le muret du bar du centre ; un type qui jette un déchet là aux poubelles du lycée agricole ; un chevelu au pied du coiffeur…’

.douze pochoirs graffitis »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

Laisser un commentaire