sàraf – VIII – 02 – bout de chemin rouge

vendredi 1 septembre 2023


(les grand champs) – poisy


« il y avait la placette ; nullement marquée de ce nom, c’est ainsi que depuis tout petit j’y ai vu nommé ; à la moitié du chemin des coquelicots, là entre les places de l’un petit parking, se dérobait un petit chemin entre deux haies de voisinage ; s’ils l’ont repeint je ne me souvient même pas, mais après être passé entre deux rues, la placette offrait un terrain de gravier dans lequel une parcelle était délimitée par des poutres de bois à peine travaillé, presque brut, et dans la pente il permettait de niveler de quoi jouer à la pétanque, et s’y asseoir comme sur un banc pour regarder le jeu ; il y avait de ces arbres dont je ne connais pas le nom mais qui à une période de l’année, fruissent de petites boules piquantes qui ne sont pas de petites bogues de châtaignes marrons, les pointes étant moins nombreuses et plus larges… quelques rochers décoratifs, et entre le haut du chemin gris et le petit escalier en bas, du même bois que le tour de terrain de boules, le tracé des promeneurs’

.la rue traversée là, je n’ai plus son nom mais comme pour toutes du lotissement, il s’agit d’un nom de fleur’

.l’escalier tombe en quelque peu de marches en deux niveaux, avec une rampe spéciale poussette ou fauteuil roulant, bien trop dénivelée la laissant alors plus en intention de l’ordre de la bonne cause politique que de l’efficace accès aux concernés’

.et puis ? le chemin continue ; partant oui, du chemin des coquelicots, longeant les voisins jusqu’à la placette, descendant par l’escalier à double rampe, c’est là entre les maisons mitoyennes de l’étage du dessous, autre rue à nom de fleurs, qu’il se poursuivait de sa couleur rouge ; on traversait cette troisième rue, et là l’espace plus étriqué qu’en haut du lotissement, donnait à déambuler dans ce chemin cent pour cent piéton en un gauche-droite purement architectural, sur le goudron rouge, oui rouge… je pourrais par ma parano, me dire que toute cette couleur n’est que le fruit de ma dissociation de la réalité, mon imagination une hallu, mais je crois que le voir ainsi reste d’une poésie digne de ne pas me faire raturer mon souvenir ; un chemin rouge’

.et puis l’on arrive enfin en bas du lotissement, on rejoint la route des grands champs, et si l’on veut retrouver la suite du chemin piéton, il faut ne pas se diriger vers la sortie à droite, mais reprendre un peu à gauche, et là en face du cimetière, franchir le ralentisseur en direction du centre du village ; lui c’est sûr, est de briques rouges…’

.une ambiance intime sans déranger l’intimité du voisinage ; des haies, des murs, des entrées goudronnées, des arbres au bord de la route… le lieu d’une enfance que d’autres qualifieraient de gâtée ; ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas pour autant qu’une heureuse croissance y est garantie ; presque pire, lorsque rien n’est à plaindre mais que quelque chose manque : pour moi, pour mon vécu psychotique, aucun coupable, c’est bien ça ma misère ; personne à qui reprocher ce que malgré ma discipline presque forcée à chercher le bonheur, je n’ai que trop de douleurs au résultat de mon humeur existentielle ; si tout était à revivre ? nulle perle aussi jalousement appropriée que ma vie pour moi, mais non, je bazarderais volontiers tout ceci à la benne…

.malgré la poésie du chemin rouge »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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