sàraf – VII – 01 – toboglisse

samedi 26 août 2023


(jeunesse) – là où l’eau


« un objet presque banal pour les enfances même juste aisées… mais qui peut vite marquer des souvenirs ; il y a ceux des parcs en ville, mais ceux-ci peuvent disparaître de mes rêves lorsque je me les compare avec ceux des piscines, car l’eau est un bon moyen de fluidifier ces dégoulinades de corps sur surface lisse, et descendre ainsi sans frein est un amusement sans danger, surtout quand la réception se fait dans l’eau d’une piscine ou d’un lac’

.lac et piscine, donc, dans mon souvenir…’

.à seynod, comment ça s’appelait ? l’île bleue, ou un truc du genre ; je me rappelle même plus comment elle était à demi-couverte, un toit amovible ? ou pas ? c’était pas celle des marquisats en plein air, elle qui n’avait pas de toboggan, mais y’avait qmm de quoi bronzer sur l’herbe entre deux trempettes ; et puis donc, il y avait le toboggan, une sorte de serpent géant qui nous avale depuis le haut de l’escalier un peu glissant surtout pieds mouillés ; on s’élance quand le feu est vert car si on le fait avant, on retombe sur l’usager précédant, et en attendant le chrono, on peut se tenir à la barre métallique et balancer pour prendre de l’élan, pendant que nos pieds barbotent dans le bassin d’alimentation du cours d’eau… et alors on se fait avaler, digérer et enfin restituer au bout en bas, en traversant le boyau du serpent ; c’est une image comme une autre, il n’y avait non, de décoration spéciale serpent, mais je me le figure ainsi et c’est facile pour le décrire, d’utiliser cette image ; il était d’un vert qui tirait sur le turquoise, en plastique, et tout lisse il nous voyait le dégringoler dans son petit lit de rivière alimenté par l’un des systèmes de pompage que les piscines dissimulent… ceux-là qui permettent le cycle des eaux chlorées, comme les petites grilles du bord avalent les mini-vagues pour les filtrer et les renvoyer dans ces bouches ouvertes sur les bords, intrigant effet que celui de se mettre devant et se faire souffler dessus ; mais bref, le premier feu vert en bas du colimaçon, le second avant la bouche du tube, et je glisse… il y a un côté amniotique et confortable à se retrouver là-dedans, pour tant soit peu qu’on ne soit claustrophobe, tout confortable à l’intérieur, on ne voit rien et on est à moitié caché, car de la transparence à peine du truc, lorsque je suis en bas à regarder, je peux en levant la tête, discerner la silhouette de l’usager qui dégringole, par la forme floue et à peine distincte, de son cul et de ses jambes ; la consigne est de se positionner assis ou allongé, mais il est interdit d’y aller la tête en avant, ce qui ne cause aucune punition aux nombreux qui comme moi, le tentent sans réel danger, mais là au moins l’institution se lave les mains des risques, et c’est sûrement mieux ainsi… et puis j’arrive en bas, largué dans le bassin de réception après avoir subi le roulis longitudinal qui m’a fait grimper sur les côtés extérieurs des tournants, un coup à gauche un coup à droite, et puis en spirale avant la fin’

.c’est autre chose au lac du bourget ou sur la plage de l’impérial à annecy ; ces deux plages possèdent ce qui se fait de comparable dans les parcs aussi, mais aussi d’une autre dimension, cette piste droite, vertigineuse à la pente forcée ; je suis tout en haut, il faut se lancer, et là, ne ressemble que bien moins à une promenade amniotique dans un tube, cette dégringolade abrupte sur plan évasé d’un petit bord contre les sorties inopinées ; à l’impérial comme à aix-les-bains, un spectacle que le courageux reproduit pour son adrénaline, il s’élance et parfois rebondit sur le départ, alors planant au-dessus du début de la pente avant de retomber sur la suite du toboggan, plein de vitesse, et en quelques fractions de secondes il glisse sur la fin dont la verticalité reprend une norme presque horizontale et le propulse dans les flots ; les plus habiles, la tête en avant et le torse bombé, parviennent à maîtriser leur sortie pour entrer dans l’eau sans ce faire : la vitesse, l’inclinaison, les font surfer sur le ventre le plus loin qu’ils le tentent, et puis après cette glisse enfin les voilà immergés’

.loisir à sensations ; activité balnéaire ; sport sympathique’

.un peu un privilège, de pas partout, mais qui existe en quelques ailleurs ; j’ai pas vraiment d’intérêt pour ceux sans eau, la réception dans les parcs de ville, de ces aires de jeu pour enfants, je trouve ça bcp moins drôle quand ça frotte un peu trop et que je dois me ramasser dans le sable’

.jeu de glisse, ou comment utiliser la gravité pour subir, mais subir allègrement »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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