sàraf – VI – 06 – moi lego

jeudi 24 août 2023


(enfance) – moi et les histoires


« il y avait les playmobil qui me faisaient chier ; déjà ce défaut d’identité à l’époque, ne m’ont pas touché les histoires à s’inventer, il ne m’était pas intéressant de déplacer les bonhommes figés en parlant à leur place, l’un dans une main et le bateau dans l’autre, non, mon imaginaire ne s’est jamais entraîné à faire de telle ou telle poupée une projection sociale à incarner…’

.les lego, non plus ne m’inventais-je de quoi faire vivre le truc reproduit depuis la boîte à l’aide de la notice de montage ; ce que j’ai surtout kiffé avec les lego, c’était de concevoir la construction d’un truc : un bateau pourquoi pas, mais à inventer moi-même ! et surtout, des voitures, des vaisseaux spatiaux, principalement, là, depuis ma caisse en plastique rouge où s’éparpillaient des pièces mélangées que je sélectionnais… une grande plaque pour le châssis, des roues réparties autour, et puis une carrosserie de briques, toutes les formes permettaient la liberté de ma fantaisie, des pièces transparentes pour les phares, des vitres là plutôt verticales pour un camion, plutôt allongées pour un speeder, un toit ouvrant articulé, une portière improvisée, des fois il y avait des dessins en autocollant, des fois j’ajoutais là une petite flamme orange transparent, tirée d’une des boîtes, un truc ressemblant à un mégaphone en guise de pot d’échappement…’

.par respect ontologique et par peur de la métaphysique, lorsque je faisais l’acquisition d’une nouvelle boîte, je suivais malgré tout la notice pour la première utilisation ; et puis une fois construit l’objet vendu tel à assembler, je pouvais libérer ses pièces et ne plus jamais les réorganiser selon le projet de lego, et alors je les réutilisais pour mes propres constructions, ainsi diluant tel modèle parmi les pièces des précédants’

.me reste comme unique objet de souvenir, ce vaisseau spatial qui est resté longtemps entier tant je le trouvais cool ; il était issu d’une inspiration star wars, c’était l’époque de la seconde trilogie, et le vaisseau d’obiwan, je l’avais un peu copié à ma sauce et avec les moyens du bord’

.à peine arrivé-je à me figurer ce que j’avais fait de petits tubes de plastique malléables, qui pourtant je le sais, rendaient une touche mécanique assez prenante lorsque je les coinçais là où le format standard des pièces était assez pratique pour que le potentiel de l’inter-connexion desdites soit varié’

.mais ce vaisseau, ce camion cette voiture, jamais vraiment n’ont-ils eu de vie, d’histoire racontée, non, ils ne se déplaçaient pas d’un bout à l’autre de ma chambre puisque jamais n’étais-je pris d’une convulsion imaginaire à les bouger comme s’ils étaient dans un monde à explorer par projection mentale ; non, ils restaient au garage au parking, à peine sortis de la boite rouge, et je les bricolais ainsi comme dans un laboratoire, assis par terre devant mon placard’

.les jeux de rôle m’étaient lointain : je suis ainsi plutôt un objet qu’un sujet, et je le revendique ; me désincarner dans de l’ingénierie, voilà où j’aime être déjà depuis cette époque… »


souvenirs à rendre au futur



Publié par Rémy Revel

total, généreux, gratuit

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